L'enfance de Tikal

Au cœur d’une forêt dense et touffue habitait un rassemblement de gens aussi différents les uns des autres. Rejetés par le reste des gens, ils vivaient cachés et s’étaient volontairement soustraits aux regards des autres. Avec le temps, ils étaient devenus de simples bûcherons, mais gardaient toujours leur distance avec les gens normaux. Toutes ces personnes, du plus jeune au plus vieux, avaient un point en commun : un passé qu’ils gardaient secret…

Dans une petite maisonnette, non loin du village de bûcherons, une petite fille s’affairait dans la chambre de sa mère. Pas très grande, elle avait une chevelure rose pâle et les yeux d’un bleu pénétrant. Pourtant, lorsqu’on lui parlait, son regard restait vide et elle ne semblait pas attacher d’importance à ce qu’on lui disait. Sa mère était couchée dans le petit lit, mais ne portait aucune attention à sa fille. Atteinte d’une maladie mystérieuse, elle n’avait plus conscience de ce qui l’entourait. La gamine, Tikal, faisait de son mieux pour soigner sa mère, mais elle devait aussi aider son père adoptif, un bûcheron important au sein du village.

Un jour, un groupe d’hommes arriva et enleva sa mère. En apprenant cette nouvelle, Tikal, prise d’une rage incontrôlable, partit à leur poursuite, armée de sa hache seulement. Elle abattit tout sur son passage, sans même se rendre compte de ce qu’il se passait tout autours d’elle. Elle ne vit point son père adoptif discuter à voix basse avec un des hommes du groupe…

Quand Tikal revint chez elle, abattue par l’effort surhumain qu’elle venait de faire en vain pour retrouver sa mère, elle s’effondra et s’endormit.

« Toc ! » … « Toc » … plusieurs pierres venaient se cogner contre la fenêtre. Réveillée en sursaut, Tikal se redressa et agrippa le manche de sa hache à une vitesse incroyable. Après de longues minutes, la jeune fille finit par se rendre compte que c’était son ami Kronos qui lançait des cailloux à sa fenêtre parce qu’il voulait lui parler de toute urgence. Dès qu’elle eut lâché son arme, il lui raconta précipitamment la scène qu’il avait vu après son départ précipité : c’était le père adoptif de la jeune fille qui avait manigancé l’enlèvement de sa mère. Kronos dit aussi à Tikal que son père avait mentionné qu’il essayerait aussi de se débarrasser de sa fille si elle refusait. Refusait quoi ? Kronos ne l’avait pas entendu.

À partir de ce jour, la jeune fille n'eut plus confiance en personne d'autre excepté son ami Kronos. Elle se méfiait de son père et cela ne passa pas inaperçu. Le regard de la fillette s'enflammait dès qu'elle voyait son père adoptif. Elle ne voulait pas lui pardonner le geste immonde qu'il avait fait et probablement ce qu'il allait lui faire.

Le père de Tikal se fâcha de la voir ainsi et il finit par lui dire de « faire ses valises ». Il lui avoua qu'il lui avait trouvé un époux. À voir dans les yeux de son père une lueur à faire frissonner d'horreur un mort, elle comprit la petite phrase que son ami lui avait dite. Le sens de ces mots était fort simple : soit elle se mariait avec un homme qu'elle n'aimait pas et qu'elle n'avait pas choisi, soit son père adoptif la bannissait, ou pire encore, la tuait. Tikal dit à son père qu'elle voulait prendre quelques heures de repos pour se préparer mentalement à son mariage, mais dans la tête de la jeune fille, une chose était sure : elle n'allait pas se marier avec cet homme.

Une fois dans sa chambre, Tikal prit tous les objets qui pourraient lui être utiles et les mit dans un sac. Elle sortit par la fenêtre et alla rejoindre son ami dans la forêt. La jeune fille lui raconta se qu'il venait de se passer. Kronos lui dit que la meilleure chose à faire était de partir loin d'ici, et que, si elle le voulait bien, il était prêt à partir avec elle. Et il lui dit qu'il connaissait un vieux ranger qui pourrait les abriter quelques temps. Tikal accepta avec joie cette idée.

Après quelques jours de marche dans la forêt, ils atteignirent enfin la petite grotte cachée du ranger. Ils furent accueillis par un vieil homme aveugle qui leur demanda s'ils ne voudraient pas apprendre quelques leçons de magie au cours de leur petit séjour chez lui. Tikal et Kronos acceptèrent avec plaisir. Dès la première leçon qu'elle eut, Tikal se montra douée pour la magie. En particulier celle de soin. Les jours passèrent rapidement et Kronos dut se résoudre à retourner chez lui. Tikal le remerciât pour son aide. Kronos lui remit un joli médaillon et il quitta la grotte.

Beaucoup plus tard, un cri déchirant troubla le silence de la nuit. Tikal fut prise d'un doute et alla réveiller le vieux ranger. Elle lui demanda s'il y avait un sort qui pourrait lui permettre de voir son ami Kronos. Le vieil homme lui répondit que oui et commença à réciter le sort. Une brume apparut et la jeune fille pu enfin voir. L'image qui apparut devant ses yeux fit détourner son regard : Kronos gisait dans un marre de sang, deux flèches lui transperçant le cœur. L'œuvre de son père, sans aucun doute. Le médaillon serré contre son cœur, elle pleura à chaudes larmes, prit son sac et quitta cet endroit maudit pour ne plus jamais y revenir, se demandant si quelqu'un finirait par combler le vide qu'il y avait dans son cœur.


Discrète, distante, impassible, silencieuse et d'aspect fragile, elle apparaît dans les terres argentées, issue de nulle part… La seule chose qui prouve de son passé douloureux est un médaillon en forme de cœur contenant une photo de son ami Kronos et les quelques mots gravés à l'endos du médaillon : « Puisses-tu toujours dans ton cœur te souvenir de moi. Je t'aime. »
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Malgré son attitude distante, elle apprécie plus que ce qu'elle ne laisse paraître l'amitié et la joie de vivre des membres de son clan. Sa rencontre avec Inochi et Isamu lui a fait voir le monde sous un angle différent (et meilleur).

Magicienne dans l'âme, elle pour la justice et pour un monde meilleur. Elle déteste plus que tout ceux qui tuent les autres par plaisir, et tout ce qui lui rappelle la mort atroce de son ami Kronos.

-> Écrit par Tikal