Détresse amoureuse

Le Soleil avait déserté les lieux depuis plusieurs heures déjà, Mitsuevo marchait toujours dans la même direction, en titubant quelques peu, la bouteille qu’il portait régulièrement à sa bouche l’enivrant de plus en plus.

Mais qu’est ce qu’il se passe? Pourquoi fait elle ça…

La tristesse et l’énervement l’avait défiguré, il etait méconnaissable. Il arriva enfin près de ce lieux où il n’y pas si longtemps, il l’avait épousé… l’église de Baduk. De nuit, sans la flamboyante lumière et la musique festive présents lors de cet événement, les murs de cette bâtisse avaient de quoi faire peur, se rapprochant plus d’un château hanté que d’une petite église …
Hormis le crissement de quelques insectes, le silence de mort etait pesant. Il passa la main sur un pilier, se rappelant par la même occasion touts les mots qui volèrent en ces lieux ce jour là…

Pour le meilleur et pour le pire…

Il se remit à marcher, pour grimper au sommet de la colline jouxtant le bâtiment. Le ciel complètement dégagé, les nombreuses étoiles brillaient de milles feux, lui faisant penser aux yeux de sa belle le jour où il l’avait demander en mariage…
Arrivant au sommet de la colline, il s’envoya quelques gorgées d’alcool, puis s’assit, avec difficulté, au pied d’un grand arbre encore tout feuillu.
Il etait immobile, se contentant de faire tournoyer son alliance autour de son annulaire, toujours rongé par les mêmes questions, occupé par les même doutes…

Peut être bien que… non je ne peux pas le croire !Je ne veux pas le croire… Si elle t’a dit oui c’est bien pour quelque chose! peut être…

Les larmes commençaient à perler sur son visage, il avait beau essayer de les essuyer, elles etaient toujours là, de plus en plus nombreuses, lui troublant la vue…
C’est alors qu’il se leva, en se tenant à cet arbre, qui assistait impuissant au chagrin de ce guerrier.

Suis je un si mauvais mari que ça ?
Mitsuevo explosa. Il vida le reste de sa boisson d’un coup, jeta la grosse bouteille de verre le plus loin possible en hurlant à la mort. Impossible de comprendre le moindre mot, c’etait un cri de colère, de douleur…

AAAAAAAAAARRRRRRGGGGGGHHHHHHH ! ! ! !

Il se mit à frapper l’arbre, encore et encore… l’écorce friable du géant de bois s’émiettait à peine, mais ses poings etaient déjà bien ensanglantés. Il continua pourtant de taper. Quelques minutes plus tard, il s’arrêta, commença à marcher… puis s’écroula, assommé par l’alcool et la fatigue. La terre se colla sur ses joues humidifiées par les larmes, il resta là, inconscient…

Elle l'avait suivi. Du moins, c'est ce qu'elle croyait.
L'église de Baduk... La guérisseuse se demandait bien ce qu'il faisait là. L'avait-elle fâché au point qu'il songe au divorce ? Elle espèrait bien que non.

Un cri quasi inhumain déchira le silence de la nuit. Le sang se figea dans ses veines, son coeur cessa presque de battre. Le cri venait d'en face, dans la direction où il était allé.

Mon dieu, qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?

Elle courut le plus vite qu'elle put et faillit se tuer sur une bouteille brisée en plein milieu du chemin. Elle arriva au moment où il s'effondra sur le sol.
Du sang. Partout, du sang. L'arbre, le sol, ses mains... Avait-il essayé de se...?

Non... Non ! Par les Esprits du Bien, faites qu'il ne soit pas..

Elle chassa ses larmes, s'agenouilla à ses côtés et entreprit d'analyser en profondeur ses blessures. Une vague de soulagement la parcourut losrqu'elle vit que seules ses mains étaient mal en point. Elle se releva, et le tira péniblement en arrière, au pied de l'arbre sanglant. Elle le coucha sur le dos et enleva doucement la terre de sur son visage blême. La magicienne illumina alors ses paumes d'une lueur blanche, puis les glissa dans les mains blessées de son homme évanoui. Avec délicatesse, elle entreprit de le soigner, mais elle ne pouvait rien faire pour le réanimer. L'alcool l'avait assomé, il suffisait d'attendre. D'ailleurs, l'air empestait l'odeur âcre de l'alcool et du sang.

La nuit étant tombée depuis longtemps, elle le lâcha et le couvrit des feuilles tombées artificiellement de l'arbre qu'il avait voulu abattre.
Elle s'adossa au tronc, ignorant le froid mordant de la nuit, et pleura en silence en attendant son réveil.

Les heures passèrent, et le guerrier etait toujours étendu, plongé dans son sommeil. Un sommeil mouvementé, il ne cessa de se tourner, de se retourner, réduisant rapidement à néant la couverture de fortune que lui avait confectionné sa femme. Il laissa même parfois échapper quelques mots...

Tikal, je t'aime si fort... comment peux tu croire que...

Quelques moments plus tard, il reprit enfin connaissance, entrouvrant les yeux progressivement. Le regard perdu dans l'immensité de la voûte céleste, il continua de songer à sa moitié...

Sans toi je ne suis plus rien... Quesque je fais là moi... je dois la retrouver pour en avoir le cœur net !

Le froid qu'il ne ressentait pas tout à l'heure etait maintenant bien présent, il en avait les doigts frigorifiés. Regardant ses mains pour constater le carnage qu'il en avait fait, quel ne fut pas son étonnement...
Mais... comment est-ce possible?

C'est à ce moment qu'il entendit quelques sanglots, à peine perceptibles. Il se releva, non sans difficulté, un violent mal de crâne lui rappelant les raisons de ce repos improvisé.
Il la vit alors, adossée à l'arbre qu'il avait boxé sans retenues il y'a quelques heures...
Chérie !

Il parcourut sans faux-pas la courte distance qui les séparait, puis serra sa douce contre lui, tombant en pleurs...
Il aurait voulu lui dire tellement de choses, mais submergé par l’émotion, il ne put que répéter la même phrase.

Je t'aime mon amour, je t'aime de tout mon être...